Louis Bresson est né à Ribes (07260) le 28 décembre 1896. Fils
de paysan, il est destiné à reprendre le travail des vignes et
des terres familiales. Il en sera autrement : il
deviendra sculpteur.
Il a été scolarisé à l’école publique des garçons, là où est
située l'actuelle
mairie (l’école publique des filles était au Mas). Son
instituteur, Monsieur Favier, fut aussi un maître
auquel il
vouait en effet une grande admiration. Ses neveux et nièces
étaient à l’école des sœurs, dirigée par l’abbé Etienne, dans
l’actuelle maison des associations (maison qui avait été donnée
à l’abbé Etienne). Il travaillait la terre avec son père, qui
le considérait comme un rêveur.
Il
obtient son Certificat d'Études à l'âge de 11 ans 1/2 et
travaille à la ferme familiale jusqu'en 1916.
Il
part alors à la guerre et reste 21 mois au front.
Démobilisé, il rentre au pays et sculpte directement dans la
pierre avec des ciseaux de maçon. Ses plus anciennes œuvres
conservées sont deux bustes en grès réalisés en 1922-1923.
Sculptés directement à l’échelle, sans modèle, ils représentent
un homme et une femme, ainsi que son
célèbre "Poilu" grandeur nature en 1925.
Il
a dû charrier la pierre choisie pour
sculpter le poilu, les voisins l’ont aidé à sortir la pierre de
grès du ruisseau du Suel, et elle du être coupée en deux car
trop lourde.
C'est ainsi que le poilu fut érigé en 2 parties. Deux
villageois, anciens soldats vêtus de l’équipement et de
l’armement, lui servent de modèles.
Il sculptait pendant que les travailleurs des champs
faisaient la sieste : il n’était pas concevable qu’il
fasse de la sculpture pendant les heures de travail de
la terre. |
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A l’époque, dans le village, il ne fallait pas
parler d’un sculpteur, notamment de femmes nues ! Louis Bresson
n’est cité qu’à travers la sculpture du poilu.
Il
rencontre ensuite en 1926 G. Dintrat, sculpteur à Valence, et se
perfectionnera auprès de lui pendant 3 années.
Pendant les années qu’il passe au service de
Dintrat, Louis Bresson se forme aux techniques de la sculpture,
apprenant notamment à travailler à partir de modèles en plâtre :
cette technique consiste à réaliser une statue
de plâtre qu’il est possible de retoucher jusqu’à la perfection,
ce qui n’est pas le cas du matériau définitif. C’est ensuite à
partir de ce modèle que l’artiste réalise son œuvre en pierre,
reportant les dimensions recherchées à l’aide d’une multitude de
points de mesures et d’un compas.
Après quelques temps à Valence, G. Dintrat emmènera
Louis Bresson à Paris. Il y connaîtra des hauts et des bas.
Il décide finalement de quitter l’atelier de
Gaston Dintrat en 1932 pour entrer au service d’André Del Debbio
chez qui il demeure deux années, travaillant à diverses œuvres de
commande dans l’ombre du maître. |

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Il
suit des cours du soir de dessin et de modelage à Montparnasse
et à l'Académie de la grande Chaumière.
Il s’éloigne alors totalement de ses œuvres
d’autodidacte, ne travaillant plus le grès cévenol au fil d’une
inspiration libre, mais le plâtre et le marbre pour reproduire
des portraits fidèles.
En 1934, il a son
premier atelier au 7 ter rue
Antoine Bourdelle et il expose dans
des salons.
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Il déménage en 1936 pour s’installer dans un
local vaste et bien éclairé au 14
avenue du Maine - 75015 Paris, et qu’il ne quittera plus jusqu’à sa
mort en février 1983.
Louis Bresson y a réalisé au moins 170 œuvres,
dont les études et les modèles en plâtre ont presque tous été
conservés, et sont aujourd’hui regroupés à Ribes.
L’après guerre n’est plus à la sculpture de
commande, et Louis Bresson peine alors à trouver des clients
souhaitant faire réaliser leur buste. Pour vivre, il doit
travailler comme décorateur de façades et de plateaux de cinéma
tout en poursuivant en parallèle son œuvre de sculpteur.
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Il n’a pas d’attraction pour les salons mondains et se
présente comme un « paysan -sculpteur », fier de ses origines
rurales. Bien que reconnu par ses pairs (plusieurs de ses œuvres
sont primées dans différentes expositions), les mécènes boudent
cet artiste passant ses étés dans son mas natal ardéchois de
Ribette, plus que dans les stations à la mode.
Son
oeuvre est cependant récompensée par des médailles de bronze et d'argent,
ainsi que par le prix "Arthur Leduc" au
Salon des Artistes (médaille de
bronze en
1966 et d'argent en
1967),
exposition d'art qui se tient annuellement à Paris depuis 1881.
En 1966 également, le prix "Hairon" de
"l'Association des artistes" ou "Fondation Taylor".
Médaille d'Honneur en Argent de la
Société
d'encouragement "Pax et Labor"
en 1970.
Il est l'auteur d'une centaine de
statues de toutes dimensions, dont une statue "Libération" acquise par l'État (1979) et
actuellement dans un square à Thouars (Deux-Sèvres), et les
quatre Cariatides ornant le fronton du restaurant "Ledoyen"
face à la Place de la Concorde à Paris. |
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L’œuvre de Louis Bresson se compose principalement de deux
volets : d’une part les sculptures de commandes et les études
qu’il cherche à vendre (bustes avant tout), et de l’autre,
les créations libres.
Ces dernières sont inspirées par des thèmes
récurrents qui traversent toute sa carrière :
• l’Antiquité et la mythologie gréco-latine
: (Les Muses, Cérès, etc.) ;
• les thèmes chrétiens (Vierge, Christ, saint
Paul, saint Christophe, le Jugement Dernier, etc.) ;
• la féminité (Brigitte Bardot, danseuses,
allégorie de la Libération, Marianne, etc.), ces œuvres
rejoignant souvent les sujets d’inspiration antique.
Malgré ses
origines rurales,
la nature et le monde rural transparaissent
peu dans les œuvres sculptées de Louis Bresson :
à aucun moment, sauf lorsqu’il réalise l’étude
de médaillons consacrés aux travaux des champs, Louis Bresson ne
s’inspire de thèmes naturels, végétaux ou campagnards. Ses médaillons agraires témoignent d’une approche
figurative de la campagne.
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Louis Bresson devant son
buste d'Einstein (1973) |
Cependant, ce n’est pas le
cas dans ses poésies : plusieurs poèmes sont directement inspirés
de ses origines paysannes (Le Vin, L’arbre, Les cigales).
La
sculpture a aussi été pour lui une source d’inspiration
poétique, magnifiant "La statue", ou s’interrogeant sous forme
de monologue sur son geste dans "La prière du sculpteur".
Ecrivain à ses heures, il a fait une critique de l'art
contemporain et écrit divers poèmes. Un petit essai
philosophique "Vers l'Arbre de Vie" en 1972, un roman genre
fiction "Six mois en OVNI" en 1974, et enfin en 1976 un recueil
de poèmes "Les Rêveries d'un Paysan-Sculpteur".
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Il
décède en février 1983 et est inhumé
dans le cimetière de Ribes. |