Louis Bresson est né à Ribes (07260) le 28 décembre 1896. Fils de paysan, il est destiné à reprendre le travail des vignes et des terres familiales. Il en sera autrement : il deviendra sculpteur.

 

Bénézit (édition 1999) :
"BRESSON (Louis-Jean), sculpteur, né à Ribes (Ardèche), XXe siècle (Sculpteur Français)
Élève de Sallé. Il a exposé des bustes au Salon des Artistes Français ; mention honorable en 1935."

 

Il a été scolarisé à l’école publique des garçons, là où est située l'actuelle mairie (l’école publique des filles était au Mas). Son instituteur, Monsieur Favier, fut aussi un maître auquel il vouait en effet une grande admiration. Ses neveux et nièces étaient à l’école des sœurs, dirigée par l’abbé Etienne, dans l’actuelle maison des associations (maison qui avait été donnée à l’abbé Etienne). Il travaillait la terre avec son père, qui le considérait comme un rêveur.

 

Il obtient son Certificat d'Études à l'âge de 11 ans 1/2 et travaille à la ferme familiale jusqu'en 1916.

 

Il part alors à la guerre et reste 21 mois au front.

 

Démobilisé, il rentre au pays et sculpte directement dans la pierre avec des ciseaux de maçon. Ses plus anciennes œuvres conservées sont deux bustes en grès réalisés en 1922-1923. Sculptés directement à l’échelle, sans modèle, ils représentent un homme et une femme, ainsi que son célèbre "Poilu" grandeur nature en 1925.

 

Il a dû charrier la pierre choisie pour sculpter le poilu, les voisins l’ont aidé à sortir la pierre de grès du ruisseau du Suel, et elle du être coupée en deux car trop lourde. C'est ainsi que le poilu fut érigé en 2 parties.  Deux villageois, anciens soldats vêtus de l’équipement et de l’armement, lui servent de modèles. Il sculptait pendant que les travailleurs des champs faisaient la sieste : il n’était pas concevable qu’il fasse de la sculpture pendant les heures de travail de la terre.

 

A l’époque, dans le village, il ne fallait pas parler d’un sculpteur, notamment de femmes nues ! Louis Bresson n’est cité qu’à travers la sculpture du poilu.

 

Il rencontre ensuite en 1926 G. Dintrat, sculpteur à Valence, et se perfectionnera auprès de lui pendant 3 années.

Pendant les années qu’il passe au service de Dintrat, Louis Bresson se forme aux techniques de la sculpture, apprenant notamment à travailler à partir de modèles en plâtre : cette technique consiste à réaliser une statue de plâtre qu’il est possible de retoucher jusqu’à la perfection, ce qui n’est pas le cas du matériau définitif. C’est ensuite à partir de ce modèle que l’artiste réalise son œuvre en pierre, reportant les dimensions recherchées à l’aide d’une multitude de points de mesures et d’un compas.

Après quelques temps à Valence, G. Dintrat emmènera Louis Bresson à Paris. Il y connaîtra des hauts et des bas.

 

Il décide finalement de quitter l’atelier de Gaston Dintrat en 1932 pour entrer au service d’André Del Debbio chez qui il demeure deux années, travaillant à diverses œuvres de commande dans l’ombre du maître.

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Il suit des cours du soir de dessin et de modelage à Montparnasse et à l'Académie de la grande Chaumière.

 

Il s’éloigne alors totalement de ses œuvres d’autodidacte, ne travaillant plus le grès cévenol au fil d’une inspiration libre, mais le plâtre et le marbre pour reproduire des portraits fidèles.

 

En 1934, il a son premier atelier au 7 ter rue Antoine Bourdelle et il expose dans des salons.

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Il déménage en 1936 pour s’installer dans un local vaste et bien éclairé au 14 avenue du Maine - 75015 Paris, et qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort en février 1983.

 

Louis Bresson y a réalisé au moins 170 œuvres, dont les études et les modèles en plâtre ont presque tous été conservés, et sont aujourd’hui regroupés à Ribes.

 

L’après guerre n’est plus à la sculpture de commande, et Louis Bresson peine alors à trouver des clients souhaitant faire réaliser leur buste. Pour vivre, il doit travailler comme décorateur de façades et de plateaux de cinéma tout en poursuivant en parallèle son œuvre de sculpteur.

 

Il n’a pas d’attraction pour les salons mondains et se présente comme un « paysan -sculpteur », fier de ses origines rurales. Bien que reconnu par ses pairs (plusieurs de ses œuvres sont primées dans différentes expositions), les mécènes boudent cet artiste passant ses étés dans son mas natal ardéchois de Ribette, plus que dans les stations à la mode.

Son oeuvre est cependant récompensée par des médailles de bronze et d'argent, ainsi que par le prix "Arthur Leduc" au Salon des Artistes (médaille de bronze en 1966 et d'argent en 1967), exposition d'art qui se tient annuellement à Paris depuis 1881. En 1966 également, le prix "Hairon" de "l'Association des artistes" ou "Fondation Taylor". Médaille d'Honneur en Argent de la Société d'encouragement "Pax et Labor" en 1970.

 

Il est l'auteur d'une centaine de statues de toutes dimensions, dont une statue "Libération" acquise par l'État (1979) et actuellement dans un square à Thouars (Deux-Sèvres), et les quatre Cariatides ornant le fronton du restaurant "Ledoyen" face à la Place de la Concorde à Paris.

L’œuvre de Louis Bresson se compose principalement de deux volets : d’une part les sculptures de commandes et les études qu’il cherche à vendre  (bustes avant tout), et de l’autre, les créations libres.

Ces dernières sont inspirées par des thèmes récurrents qui traversent toute sa carrière :

    •  l’Antiquité et la mythologie gréco-latine : (Les Muses, Cérès, etc.) ;

     •  les thèmes chrétiens (Vierge, Christ, saint Paul, saint Christophe, le Jugement Dernier, etc.) ;

     • la féminité (Brigitte Bardot, danseuses, allégorie de la Libération, Marianne, etc.), ces œuvres rejoignant souvent les sujets d’inspiration antique.

 

Malgré ses origines rurales, la nature et le monde rural transparaissent peu dans les œuvres sculptées de Louis Bresson : à aucun moment, sauf lorsqu’il réalise l’étude de médaillons consacrés aux travaux des champs, Louis Bresson ne s’inspire de thèmes naturels, végétaux ou campagnards. Ses médaillons agraires témoignent d’une approche figurative de la campagne.

Louis Bresson devant son buste d'Einstein (1973)

Cependant, ce n’est pas le cas dans ses poésies : plusieurs poèmes sont directement inspirés de ses origines paysannes (Le Vin, L’arbre, Les cigales).

 

La sculpture a aussi été pour lui une source d’inspiration poétique, magnifiant "La statue", ou s’interrogeant sous forme de monologue sur son geste dans "La prière du sculpteur".

 

Ecrivain à ses heures, il a fait une critique de l'art contemporain et écrit divers poèmes. Un petit essai philosophique "Vers l'Arbre de Vie" en 1972, un roman genre fiction "Six mois en OVNI" en 1974, et enfin en 1976 un recueil de poèmes "Les Rêveries d'un Paysan-Sculpteur".

 

 

Il décède en février 1983 et est inhumé dans le cimetière de Ribes.

 

Peu avant sa mort, Louis Bresson a recensé une partie des œuvres qu'il a lui même photographiées et numérotées au fil du temps.

Les deux pages manuscrites qu'il a rédigées lui même sont visibles en cliquant sur les liens ci-dessous.

Les numéros correspondent à l'inventaire fait par Louis Bresson.

 

n° 1 à 48

n° 49 à 99

 

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Sources : panneaux d'exposition réalisés par la Communauté des Communes, documents communiqués par la famille de Louis Bresson, et informations relevées sur des sites Internet.